CNÉB 2015 modifié: Les nouvelles dispositions du Code de construction du Québec sont entrées en vigueur
Le 28 décembre 2021, les nouvelles règles en faveur de l’efficacité énergétique dans les nouvelles constructions industrielles, commerciales, institutionnelles et bâtiments multilocatifs sont finalement devenues obligatoires.
Le 28 décembre 2021, les nouvelles règles en faveur de l’efficacité énergétique dans les nouvelles constructions industrielles, commerciales, institutionnelles et bâtiments multilocatifs sont finalement devenues obligatoires. Après la période transitoire de 18 mois, êtes-vous prêt? Bref topo pour les retardataires.
Le Code national de l’énergie pour les bâtiments, que nous appelons affectueusement dans le métier le CNÉB, est publié par le CNRC et rédigé par la Commission canadienne des codes du bâtiment et de prévention des incendies (CCCBPI), en collaboration avec Ressources naturelles Canada (RNCan).
Outre les impressionnants acronymes qu’il nous permet de manier (ou de subir!), ce code est un guide de dispositions techniques qui réglemente – dans le but de l’améliorer – l’efficacité énergétique des bâtiments construits au Canada. En gros, il liste les exigences minimales au regard de l’efficacité énergétique des bâtiments dès lors que vous prévoyez construire. Puisque, comme chacun sait, il est toujours plus rentable de bien construire du premier coup que de tenter de rattraper les mauvaises performances par après.
Par contre, chaque province au pays est libre d’adopter ce CNÉB (ou pas). Longtemps, considérant que ses propres pratiques étaient au moins aussi bonnes que celles prescrites par le grand frère canadien, le Québec ne l’a pas adopté.
Mais le 27 juin 2020, à la suite de quelques améliorations au niveau fédéral et grâce à la collaboration de Transition énergétique Québec (TEQ) et de la Régie du bâtiment (RBQ) , le nouveau chapitre I.1, « Efficacité énergétique du bâtiment » du Code de construction du Québec, est devenu réalité. Une période de 18 mois de grâce pour s’y adapter était accordée afin de permettre aux professionnels d’amorcer la transition.
Et nous y voilà! Tout bâtiment dont la construction débute après le 27 décembre 2021 doit désormais être conforme au « CNÉB 2015 modifié Québec ».
QUI EST CONCERNÉ?
Les nouvelles exigences s’appliquent aux nouvelles constructions, mais aussi aux projets d’agrandissement de bâtiments existants.
- Bâtiments industriels, commerciaux, institutionnels (ICI)
- Édifices d’habitation de plus de 3 étages ou de plus de 600 m2
- Édifices d’habitation d’au plus 3 étages et d’au plus 600 m2 d’usage mixte (logements + commerce, par exemple)
Il ne s’applique pas aux petits bâtiments d’habitation, qui eux relèvent toujours de la partie 11, chapitre 1, du Code de construction du Québec.
EN BREF, QU’EST-CE QUI CHANGE?
Sans surprise, les principaux changements visés par la nouvelle réglementation ont à peu près tous pour objectif d’assurer une meilleure isolation – le nerf de la guerre quand il s’agit d’efficacité énergétique des bâtiments. On parle des caractéristiques thermiques des composants en contact avec le sol ou avec l’extérieur, de la fenestration et des portes, du contrôle des ponts thermiques, de la puissance d’éclairage intérieure et extérieure, des systèmes de récupération de chaleur pour les installations de chauffage, ventilation et conditionnement d’air (CVCA), entre autres.
Les règles qui affectent l’enveloppe du bâtiment (portes, fenêtres, etc.) sont bien sûr du ressort de l’architecte. Celui-ci pourra choisir de faire appel à l’électromécanique si la méthode prescriptive présente des défis (voir plus bas).
COMMENT S’Y CONFORMER?
C’est le fun: vous avez le choix! Trois méthodes sont permises afin de répondre aux exigences d’efficacité énergétique.
Le plus amusant sera donc de mettre tout le monde d’accord: votre maitre d’œuvre, fan de listes à cocher (méthode prescriptive); vos architectes (heureux de pouvoir être créatifs et jouer sur les aménagements), et vos ingénieurs (ravis de laisser libre cours à leur science en faisant appel à la modélisation énergétique).
L’essentiel n’est-il pas le résultat? Une plus grande efficacité énergétique, et donc, une réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec.
Par exemple:
- Méthode prescriptive: Architectes comme ingénieurs suivent les normes (ou les dépassent) de la façon prescrite, pour chaque volet de leurs disciplines respectives. Les ingénieurs d’Énergénia mettent régulièrement en œuvre cette approche classique, pour épauler les architectes et les entrepreneurs dans la construction des projets.
- Méthode de remplacement: Pour s’accorder le confort d’une grande baie vitrée, par exemple, l’architecte intègre à ses plans un toit mieux isolé. De leur côté, les ingénieurs disposent également de flexibilité quant au choix des appareils d’éclairages ou des équipements de chauffage, par exemple, tant et autant que leur choix final offre une efficacité énergétique équivalente démontrable via les calculateurs gouvernementaux prévus à cet effet. Nous faisons souvent appel à l’option de remplacement afin de soutenir les choix d’aménagement de nos clients et de nos partenaires.
- Méthode de performance: Afin de compenser un manque d’efficacité énergétique détecté de manière générale au niveau de la conception du bâtiment lors de la validation des plans, architectes et ingénieurs s’assoient ensemble afin d’élaborer des solutions principalement électromécaniques. Leur efficacité devra être démontrée à l’aide d’une simulation par les ingénieurs: ce que l’on nomme la modélisation énergétique. Cette approche un peu plus spécifique repose sur la collaboration. Elle nous amène même, dans certains cas particuliers, à faire appel à la collaboration de certains de nos partenaires spécialistes en modélisation.
À noter, par contre, que certaines exigences sont forcément prescriptives et que l’on ne peut les contourner.
ET SI C’EST UN AGRANDISSEMENT?
Les nouvelles normes s’appliquent aussi dans le cas d’un agrandissement. Il faut alors combiner:
- les nouvelles normes, qui s’appliquent au nouvel espace,
- la prise en compte des anciennes normes, qui continuent à s’appliquer à l’existant.
C’est alors que l’association entre les architectes et les ingénieurs s’avère la plus utile et la plus intéressante.
Dans des projets résidentiels ou commerciaux de taille moyenne menés en « design-built » par un entrepreneur général, où l’on ne passe pas par la case « validation de performance énergétique et ingénierie conseil », nous conseillons toujours de s’adjoindre un ingénieur pour valider la conception proposée au niveau énergétique. Les normes évoluant, il devient en effet encore plus pertinent de valider que la conception initiale respecte le Code et par le fait même, donnera naissance à un bâtiment performant et durable.
Un des grands intérêts d’intégrer l’ingénierie dans les projets est d’avoir l’esprit tranquille. Une conception intégrée via une collaboration entre les professionnels en début de projet, et les itérations des solutions mises en place pour respecter le CNÉB, permettent d’optimiser le coût de cycle de vie du bâtiment. Au-delà de vérifier que les normes minimales sont satisfaites, le fait de viser un peu plus haut permet d’économiser un peu plus d’énergie, mais aussi de se donner un « buffer » en cas de contrôle de la régie du bâtiment.
Dans tous les cas, votre ingénieur en efficacité énergétique reste votre meilleur allié dans la mise en œuvre des normes qui ont pour objectif d’améliorer l’efficacité énergétique de votre bâtiment. Outre le respect des normes, qui ne reste, ne nous le cachons pas, qu’un seuil minimal d’exigences, un bâtiment bien conçu vous économisera de nombreux tracas dans le futur. Et vous pourrez dire que vous faites votre part pour la réduction des émissions de GES au Québec.